Etude : Suivi des populations d’Aigles royaux dans les parcs nationaux français
Le présent rapport « Suivi des populations d’Aigles royaux dans les parcs nationaux français, analyses et recommandations » est issu du projet lauréat de cet appel à propositions, porté par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), unité membre de Cemeb. Cette étude a été menée par Thierry Chambert, dans le cadre d’un post-doctorat encadré par Aurélien Besnard.
L’Aigle royal (Aquila chrysaetos) est une espèce emblématique des parcs nationaux (PN) français, qui fait l’objet d’un suivi depuis les années 1970. Au vu des faibles effectifs d’aigles présents à la création des PN de montagne (Vanoise, Pyrénées, Cévennes, Ecrins, Mercantour), leurs équipes scientifiques ont choisi de mettre en œuvre un suivi exhaustif de la reproduction des couples d’aigles présents sur leurs territoires respectifs. Suite au regain démographique de l’espèce, il est devenu de plus en plus difficile de maintenir un tel effort de suivi, surtout dans le contexte de diversification des missions et de réduction des moyens qu’ont connu les PN ces dernières années. De plus, la pertinence d’un suivi axé uniquement sur la reproduction est aujourd’hui questionnée. Les quatre PN partenaires de ce travail (Vanoise, Cévennes, Ecrins et Mercantour) souhaitent diminuer l’effort de suivi, tout en maintenant une veille efficace sur les populations. Pour les aider à atteindre leur objectif, le CEFE a réalisé un travail d’analyses des données historiques et d’exploration de stratégies d’échantillonnage afin de proposer des pistes d’évolution des protocoles de suivi de cette espèce. Les principaux résultats de nos travaux sont les suivants :
· Les courbes de détection (relation entre le temps de suivi et la probabilité de détection d’un couple) révèlent que l’effort requis pour maintenir un suivi exhaustif tout en s’assurant une probabilité de détection élevée, est intenable pour les PN alpins.
· Dans le PN des Cévennes, un suivi exhaustif est encore pertinent car (1) le nombre de couples à suivre reste relativement faible et (2) l’effort de suivi requis pour atteindre une probabilité de détection élevée est bien inférieur à celui nécessaire dans les PN alpins.
· Il existe une relation inverse entre la taille de population d’aigles et la fécondité des couples (réponse de type densité-dépendante). Cela suggère que la productivité (fécondité) des aigles ne peut pas être considérée (seule) comme un indicateur fiable de l’état de santé de la population. Le suivi de la reproduction n’est donc pas la priorité.
· Les populations d’aigles royaux sont beaucoup plus sensibles aux perturbations affectant la survie (notamment la survie adulte) que celles qui impactent la reproduction. Il est donc important d’explorer la possibilité de suivre et d’estimer la survie des adultes. Dans cet objectif, nous avons lancé une étude pilote se basant sur la génétique.
· Il est possible de détecter des déclins de population, de façon robuste, à partir d’un suivi non-exhaustif des couples et d’un effort relativement modéré.
La meilleure stratégie pour détecter des déclins consiste à suivre 10-15 couples chaque année, et d’investir un effort de suivi suffisant pour détecter les couples actifs. La clé est de s’assurer d’avoir une probabilité de détection supérieure à 90% pour tous les couples suivis une année donnée. En fin de document, nous proposons des recommandations spécifiques pour chaque PN.
En 2016, Cemeb a lancé un appel à propositions pour financer un projet de recherche postdoctoral d’une durée pouvant aller jusqu’à 24 mois au sein d’un des laboratoires de CeMEB, en partenariat avec l’établissement public Parcs nationaux de France (PNF), aujourd’hui Office français de la biodiversité (OFB). Les projets proposés devaient être dans les domaines de recherche prioritaires de CeMEB et en lien avec une des thématiques proposées par les parcs nationaux français.
Le présent rapport « Suivi des populations d’Aigles royaux dans les parcs nationaux français, analyses et recommandations » est issu du projet lauréat de cet appel à propositions, porté par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), unité membre de Cemeb. Cette étude a été menée par Thierry Chambert, dans le cadre d’un post-doctorat encadré par Aurélien Besnard.
Auteurs
Thierry CHAMBERT, chercheur post-doctorant, CEFE, |
Ludovic IMBERDIS, chargé de mission faune vertébrée, Parc national des Ecrins, ludovic.imberdis@ecrins-parcnational.fr Richard BONET, chef du service scientifique, Parc national des Ecrins, richard.bonet@ecrins-parcnational.fr Monique PERFUS, technicienne flore et habitats, Parc national du Mercantour, monique.perfus@mercantour-parcnational.fr Nathalie SIEFERT, cheffe du service connaissance et gestion du patrimoine, Parc national du Mercantour, nathalie.siefert@mercantour-parcnational.fr Jérôme CAVAILHES, chargé de mission faune, Parc national de la Vanoise, jerome.cavailhes@vanoise-parcnational.fr Jocelyn FONDERFLICK, chargé de mission faune, Parc national des Cévennes, jocelyn.fonderflick@cevennes-parcnational.fr Jean-Pierre MALAFOSSE, garde-moniteur, Massif Mont-Lozère, Parc national des Cévennes, jean-pierre.malafosse@cevennes-parcnational.fr Adrien JAILLOUX, chargé de mission recherche biodiversité terrestre, parcs nationaux et aires protégées, Office français de la biodiversité, adrien.jailloux@ofb.gouv.fr Aurélien BESNARD, maître de conférences, CEFE, |